Comment exhiber les données sous une forme agréable et lisible, intégrée dans les spectacles vivants, sans perdre ni le plaisir du narratif, ni le sens des données ?

Les données sont une ressource infinie, malléable et puissante. Mais les informations ne sont pas suffisantes pour changer le comportement des individus. Ce sont les connaissances alliées avec les émotions qui nous influencent. Voici le pouvoir des collaborations entre les sciences et les arts.

La capacité des ordinateurs à traiter de vastes quantités de données nous permet maintenant de transformer les énormes flux et bases de données en images, en jeux de lumière et en sculptures. « L’art des données » s’épanouit au 21ème siècle, rapprochant l’art et la science.

Prenons quelques exemples pour mieux comprendre le genre : Mood.Cloud, une installation en lumières créée par Interaction Design Lab à l’Université Cornell s’adapte aux émotions enregistrées par les visiteurs à Gates Hall. Tele-present water, une sculpture de l’artiste David Bowen, reprend les mouvements de l’eau grâce aux données d’une bouée de mesure. Windmap de Fernanda Viégas et Martin Wattenberg, une œuvre animée en ligne, affiche les vents qui traversent les États-Unis à partir des données du National Digital Forecast Database. Le projet évolutif de Ryoji Ikeda, datamatics, est une exploration de la conversion des données pures en son et image. Notable dans la collection sont les installations audiovisuelles data-tron (2007-11), data.path (2013) et data.tecture (2012 et 2015).

Un petit pas plus vers le côté informationnel, nous nous retrouvons dans le monde de la visualisation journalistique. Les logiciels tels que Tableau, R et D3 (entre autres), une surabondance des données et des avances dans le design des visualisations mènent vers les résultats impressionnants. Pour un petit goût, verrez les sites de David McCandless  et Ben Willers.

Les visualisations animées deviennent aujourd’hui plus courantes. Elles manquent parfois une manière de diffusion – un problème auquel le théâtre pourrait se montrer la solution. Veuillez voir ci-dessous un exemple superbe, le trailer pour Ville Vivante, un projet de la ville de Genève en collaboration avec Lift, réalisé par Interactive Things.

Dans les arts de la scène, les données et les algorithmes sont employés depuis les années soixante. L’exemple célèbre de collaboration entre des artistes et des ingénieurs au sein du projet 9 Evenings : Theater and Engineering en 1966 (Bardiot 2006), fut précurseur d’un théâtre génératif où les données sont traitées numériquement pour produire le son, les mots et les images. Steve Dixon cite le spectacle Typo Drama (1969) de Malcolm Le Grice comme le premier exemple de conjonction entre des comédiens et des ordinateurs numériques (2007, p. 103). Pendant ce spectacle, les algorithmes généraient des dialogues et des instructions, qui étaient exécutées par les comédiens.

La disponibilité des données et des outils numériques qui a provoqué l’avènement de l’art de données, mène également vers des manières innovantes de raconter des histoires et de représenter les données sur scène, telles que les images et les animations préfabriquées ; les applications sur smartphones et tablettes ; les « smart-sculptures » ; et les images générées par des algorithmes en temps réel. Les exemples présentés dans la galerie « Arts de la scène », à droit, exposent les techniques de projection, et l’interaction entre le comédien et la scénographie projetée, qui inspirent le projet J’ouvre les yeux. À cet égard, l’œuvre d’Adrien M & Claire B est révolutionnaire.

Pour les spectacles qui intègrent les données dans la scénographie, nous avons les exemples du genre spectacle-conférence, qui lie la science et le théâtre. C’est le genre de choix pour la compagnie Vertical Détour de Frédéric Ferrer. Un Point C’est Tout de Adrien M et Claire B, et quelques œuvres de l’Amicale de Production, se trouvent dans la même catégorie (&&&&& & &&& et prochainement La Sexualité des Orchides). Pareillement,  I am 1984, de Giuseppe Chico et Barbara Matijević exploite la technique de scribing – de plus en plus populaire dans les conférences réelles – pour dessiner une visualisation avec une craie pendant le spectacle.  

Veuillez voir l’onglet « Inventaire de Spectacles » pour une sélection, toujours en croissance, des œuvres pertinents.

Appel aux connaissances : je suis toujours à la recherche des exemples des données diffusées sur la scène. Si vous en connaissez un, je vous prie d’utiliser la rubrique « contact » pour me mettre au courant !

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